Le réseau sous la loupe de la vérificatrice générale

24 mai 2024

Le doigt directement là où ça fait mal 

Le rapport de la Vérificatrice générale du Québec est toujours un moment fort attendu: c’est en quelque sorte le temps du bulletin collectif. Hier, le chapitre 4 du Rapport a fait beaucoup réagir, et avec raison: le réseau des services éducatifs à la petite enfance en a pris pour son rhume.

La Vérificatrice a su mettre le doigt sur les enjeux centraux qui alimentent nos préoccupations depuis plusieurs années. Ce doigt pointé fait mal… D’autant plus que les cadres, responsables de porter, défendre, soutenir la qualité des services offerts par leur CPE et leur BC sont nécessairement dans la mire du public. Et avouons-le, cette responsabilité est extrêmement difficile à porter, les cadres ayant la responsabilité d’assumer une gestion saine, rigoureuse, malgré ces pénibles conditions!

Pénurie de main-d’œuvre qualifiée

Tout comme nous, la Vérificatrice reconnait qu’il y a corrélation directe entre les taux d’échec des évaluations de la qualité éducative des services de garde et le manque de personnel qualifié.  Au-delà des statistiques, c’est flagrant sur le terrain. Les cadres doivent jongler quotidiennement avec les horaires du personnel éducateur pour tenter, tant bien que mal, de trouver un certain équilibre et assurer un minimum de qualité. 

Tant que le gouvernement ne mettra pas en place de réelles mesures structurantes pour attirer les jeunes à exercer la profession d’éducateur/éducatrice à l’enfance, le problème restera entier. Tant qu’on reconnaitra plus de valeur à un charpentier-menuisier qu’à une personne qui a la responsabilité d’enfants de moins de 5 ans (rappelons-nous l’iniquité des incitatifs financiers respectifs pour attirer les candidatures en construction et celles en éducation à l’enfance, que nous avons dénoncées dans notre Mémoire!), ca sera difficile d’améliorer la situation. Le manque de ressources est criant! 

Extrait du mémoire de l’ACCPE sur la main-d’œuvre
Pour pallier la pénurie de main-d’œuvre sur les chantiers de construction du Québec, le gouvernement a lancé une offensive pour former des travailleurs de la construction. Un cours accéléré payé 25$ l’heure en moyenne sera offert pour séduire des aspirants ouvriers. Par exemple les élèves qui s’inscrivent au programme d’études menant à l’attestation d’études professionnelles (AEP) en charpenterie-menuiserie bénéficieront d’un soutien financier de 750 $ par semaine de formation. À la fin de la période de formation, ils pourront bénéficier d’une bourse de persévérance de 11 250$ qui leur sera remise à la diplomation. On parle d’une formation de 18 mois à raison de 30 heures par semaine. 

Privilégier le modèle CPE pour la qualité aux tout-petits

Les taux d’échec à l’évaluation de la qualité éducative ont explosé au cours des dernières années. Ils ont atteint 59% en 2022-2023 dans les garderies privées non subventionnées, et 57% dans celles qui sont subventionnées. Le taux d’échec est aussi passé de 8% en 2019-2020 à 21% en 2022-2023 dans les centres de la petite enfance.

Non, ce n’est pas tout d’avoir une place pour chaque enfant: le défi est d’avoir des places de qualité… et collectivement nous ne devons pas baisser les bras. On parle de jeunes enfants, une clientèle extrêmement vulnérable!

Il est évident que le modèle CPE génère plus de qualité. Par conséquent le gouvernement doit privilégier le développement des places en CPE et convertir le GS et les GNS en CPE. Pas les subventionner. Les convertir!

C’est d’ailleurs une demande mainte fois répétée de l’ACCPE!

Recommandations déposées le 1er juin 2021 au ministère de la Famille

L’Association des cadres des CPE rappelle que la pérennité et le développement du réseau des CPE/BC du Québec dépendent éminemment des cadres qui y œuvrent, ainsi que du respect et de la reconnaissance des compétences de celles-ci, par le ministère de la Famille. L’ACCPE recommande donc que les garderies privées, subventionnées ou non, soient limitées dans leur développement: l’ACCPE demande qu’il soit interdit pour un propriétaire, et les personnes qui lui sont liées, de gérer plus d’une installation ou une chaîne de garderies ou de développer de nouvelles installations. Cette recommandation s’inscrit en cohérence avec la vision que nous défendons, celle d’un réseau de services éducatifs à but non lucratif dont la qualité et la qualification des professionnelles qui y travaillent devraient toujours être une priorité. Nous recommandons, en outre, que toutes les garderies commerciales, subventionnées ou non, aient l’obligation de se convertir en CPE, dans un délai prescrit par le Ministère, afin que le Québec puisse avoir un réel réseau de CPE/BC universels, accessibles et à but non lucratif.

Pour répondre aux résultats des sondages sur la préférence des parents en termes de services de garde, que toutes les sommes investies dans le réseau servent exclusivement à l’ouverture de nouvelles places. À cet effet, aucune place non subventionnée ne devait être convertie en place subventionnée, puisqu’alors, on ne développerait pas de nouvelles places.

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