Petite histoire: entre 2007 et 2013, les parents du Québec pouvaient compter sur des listes d’attente régionales pour inscrire leur enfant à un service de garde. Inspirés par le BILA de la Montérégie, plusieurs regroupements régionaux de CPE/BC ont à l’époque développé et offert ce service essentiel aux parents de jeunes enfants. Mais malheureusement, plutôt que de financer adéquatement des services qui fonctionnaient bien et qui avaient fait leurs preuves, le gouvernement a décidé de créer une liste d’attente centralisée pour l’ensemble du Québec. C’est donc en décembre 2013 que La Place 0-5 a ouvert ses portes.
Mais contrairement aux CPE, aucune liste d’attente ne peut créer de places! Rappelons-nous que dans ces années, ce sont les Libéraux qui, à contre-courant de toute logique sociale, menaient les destinées de notre réseau!
Devant cette situation, il faut rester prudents. Les parents sont exaspérés, à raison. Mais l’exaspération des parents n’est pas nouvelle. Elle se fait sentir depuis 1997, depuis la création même du réseau des CPE. Combien d’entre eux, même à cette époque, n’ont jamais réussi à obtenir une place en CPE pour leur enfant? Les directrices qui étaient alors en poste se souviendront des nombreux parents en pleurs qu’elles ont accueillis (et retournés, bredouille).
Aujourd’hui, les parents de jeunes enfants ont eux aussi besoin d’un service éducatif pour leurs enfants. La différence entre les parents de 1997 et ceux de 2023 en est une qui relève des attentes envers le gouvernement. Offrir des avantages fiscaux, oui. Mais payer une compensation aux parents qui ne trouvent pas de place en CPE? Ça ne s’est jamais vu.
Si la problématique du manque de place subsiste encore, en voici quelques raisons :
N’oublions jamais tout le mal que nous ont fait les années libérales. Entre 2003 et 2018 (avec une très brève pause péquiste en 2012), les CPE ont été les victimes de coupes, de rationalisations et surtout, se sont vu imposer l’arrêt complet de leur développement (alors que les garderies commerciales avaient le champ libre pour développer, bien sûr).
Le développement est fastidieux en ce moment et les obstacles sont nombreux! Pensons simplement à l’explosion des coûts de construction, à la pénurie de main-d’œuvre. Les cadres sont prisonniers de cette situation. Il ne se passe pas une semaine sans qu’une gestionnaire ne raconte ses difficultés avec sa municipalité ou avec le Ministère. Lorsque les coûts sont trop élevés, on exige des cadres qu’elles trouvent des solutions pour diminuer encore les budgets! Tout ceci a pour résultat… de retarder encore plus le développement!
Le projet des CPE préfabriqués est innovant et permettra peut-être de développer plus rapidement et de façon plus réfléchie! Fruit du partenariat entre l’AQCPE, l’ASSTSAS, Écohabitation et le Ministère, espérons que ce projet puisse enfin (re)donner espoir aux parents, sans pour autant réduire la qualité des environnements où vivent les enfants.
Le >tableau de bord du gouvernement pour le suivi du développement sera-t-il aussi profitable qu’on le dit? Peut-être, mais soyons prudents; quoique intéressant, connaître le nombre de places manquantes ne réglera rien. Au mieux, il apaisera le venin qui alimente les guéguerres de chiffres que se livrent les différents lobbys. Et pendant qu’on fustige l’adversaire, on se détourne, malheureusement, de la véritable question: pourquoi le réseau n’est-il pas encore complété? Pourquoi les parents sont toujours aussi nombreux à espérer une place en CPE?
Le réseau des CPE/BC est prêt depuis très longtemps à développer. Les cadres du réseau aussi, elles le disent depuis des décennies. Mais la volonté gouvernementale est variable selon le parti au pouvoir. Nous avons applaudi le gouvernement en place avec le Grand Chantier pour les Familles. Souhaitons que les bottines suivent les babines et espérons que cette fois sera la bonne!
Élyse Lebeau
1er mars 2023